Catégorie :
Changements climatiques, Projets et chantiers
Depuis l’automne passé, le bureau Ilex s’active à élaborer un plan de gestion pour les forêts de l’EPFL. Lors de visites de terrain, nous avons pu constater de nombreuses espèces non-indigènes et envahissantes le long de la Sorge. Ce constat nous a rappelé l’importance d’intégrer les plantes néophytes et leurs problématiques lors de l’élaboration d’un plan de gestion forestier.
L’installation des espèces néophytes envahissantes le long des cours d’eau est un phénomène constaté depuis de nombreuses années qui est accentué par le changement climatique.
Plusieurs facteurs influencent la propagation et l’établissement de ces plantes. Les forêts riveraines sont fortement influencées par la dynamique des eaux qui peut mettre à nu les sols ou provoquer des glissements de terrain et autres transformations morphologiques du sol. Ce sont souvent des terrains biens ensoleillé avec beaucoup de nutriments et d’eau à disposition pour les jeunes plantes. Ces conditions idéales en font un terrain facilement colonisé par les plantes invasives.
Ces plantes ont des traits spécifiques qui leur permettent de concurrencer avec succès nos plantes indigènes. Leur plus gros avantage est qu’elles n’ont pas d’insectes ravageurs ni de maladies en Suisse, leur permettant ainsi de se développer sans régulation. Les plantes envahissantes sont souvent des plantes qui ont une grande capacité de reproduction et de dispersion. Par exemple, le buddleia produit en moyenne 3 million de graines légères pouvant être déplacées sur de grandes distances par le vent, l’eau et les véhicules. Il peut également se bouturer à partir de fragments de tiges et de racines.
Certaines plantes invasives comme la renouée du japon ont une croissance extrêmement rapide et elle forme un feuillage dense ne permettant pas à d’autres plantes de pousser. Elle relâche également des métabolites secondaires (composés phytochimiques) empêchant la croissance d’autres plantes.
Leur dispersion pose problème pour la biodiversité mais également, pour la santé publique et l’économie. En général, les plantes envahissantes néophytes prennent la place des plantes indigènes impactant, ainsi, par une chaîne de réaction la faune locale. Elles peuvent impacter des espèces inféodées à des plantes ou des milieux, ou exercer de la compétition pour la pollinisation en attirant les insectes qui auraient autrement pollinisé une plante indigène.
Au niveau de la santé publique, par exemple, le sumac ou vinaigrier est un arbre qui est toxique pour les personnes, de par son latex qui peut provoquer des inflammations ou des irritations.
Au niveau économique, l’exemple de la renouée du Japon qui se propage le long des berges et les déstabilisent peut demander des moyens de lutte important pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Ces plantes ne permettent pas de stabiliser les berges car elles n’ont pas des racines fortes mais surtout parce que la partie aérienne meure en hiver laissant les berges à nu face aux précipitations et aux changements de température.
La plupart des plantes envahissantes demandent une élimination soignée car il ne faut pas risquer de contaminer l’environnement ni favoriser la plante lorsqu’on essaie de l’éradiquer ou la contenir. La lutte contre les plantes envahissantes engendre ainsi des coûts importants car il est nécessaire de s’y atteler, souvent, plusieurs années de suite.
De nombreuses informations sur la lutte contre ces plantes se trouvent sur Infoflora sinon la DGE-biodiv se tient à disposition pour conseiller et accompagner les propriétaires.
Il arrive parfois que les plantes envahissantes deviennent aussi une « solution ». En effet, avec le changement climatique nos plantes indigènes ne poussent plus à certains endroits. Par exemple, le robinier s’est installé localement là où la forêt a desséché et reste ainsi le seul arbre capable de croître naturellement. Dans ce genre de situation, la question est toujours de savoir si on préfère disposer d’une plante, bien qu’envahissante, ou rien du tout.
Finalement, les plantes indigènes devront toujours être favorisées tout en essayant de maximiser la résilience des forêts en augmentant la diversité des essences. La lutte contre les plantes néophytes envahissantes est importante et doit toujours être intégrée dans la gestion forestière, surtout face aux changements climatiques.
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